Depuis un certain temps, je ne parle pas beaucoup de nous sur ce blogue. Pourtant, nous avions entrepris une grande démarche qui nous a fait vivre une gamme inattendue d'émotions. Si ce texte est publié, c'est que cette grande aventure a pris fin.
Je dois d'abord vous mettre en contexte. Chaque couple qui fait le choix de l'adoption internationale le fait pour des raisons différentes et personnelles. Pour notre part, nous avions fait ce choix suite à des résultats de tests de fertilité peu réjouissants. Il y a maintenant environ 4 ans, la clinique de fertilité nous avait proposé la fécondation in vitro (FIV). Nous avions les petits coeurs complètement à l'envers et nous ne voyons pas comment nous aurions l'énergie de vivre cette expérience. En plus, les chances de succès étaient d'environ 40%. Rapidement, nous nous sommes retournés vers l'adoption internationale et jamais depuis nous n'avons remis en doute notre volonté d'accueillir Anais dans notre foyer. Nous avons entendu plus d'un an juste pour déposer notre dossier en Chine parce que je n'avais pas encore 30 ans (critère d'adoption en Chine).
Mais voilà, les délais en Chine sont devenus tellement longs qu'au lieu d'avoir le sentiment de s'approcher de notre rêve d'être parents, nous avions le sentiment de nous en éloigner. Comme nous voulions au départ avoir au moins 2 enfants, nous avons repensé à tout celà. L'été dernier on s'est dit qu'on avait plus rien à perdre et que ça valait peut-être le coup de tenter la FIV.
Nous avons pris notre temps, nous avons agit sereinement. J'ai pris plein de médicaments apparemment non-dangeureux même si les étiquettes font parfois peur (ex.: hormone pour traiter le cancer de la prostate en phase terminale). Je me suis piquée pour devenir une grande productrice d'ovules. J'en ai produit 22. Je me suis tordue de douleur quand ils les ont prélevé. Tout ça a produit 3 embryons. Je suis devenue enceinte d'un foetus à la première tentative FIV.
Nous étions fous de joie. Nous allions avoir enfin une famille.
Bref, le bonheur fut total pour quelques semaines. À 8 semaines de grossesse, j'ai commencé à perdre du sang. Les visites à l'urgence se sont multipliées. Je faisais des hémorragies en plus de continuer à perdre constamment une certaine quantité de sang. Ce qui a commencé par un minime décollement est devenu un immense décollement des membranes. Je ne sais plus combien d'échos j'ai passé, mais à chaque fois, on voyait des techniciens qui se demandaient pourquoi le bébé vivait toujours. Les médecins, eux, nous disaient qu'il y avait toujours de l'espoir.
J'ai passé plus de deux mois à presque pas bouger. Mon conjoint et mon amie m'avaient installé un lit dans le salon pour ne plus que j'aie à me déplacer dans les escaliers. Ma mère, ma belle-mère, mon amie, ma marraine et ma soeur venaient à tour de rôle me garder pour ne pas que je sois seule toute la journée et que je puisse manger. Mon amour est devenu un boule de stress qui me téléphonait 4 fois par jour du travail et planifiait avec stratégie mes moindres déplacements. Ce qui devait être un rêve est devenu un cauchemar. J'ai vu mon corps se modifier. Pas de gros ventre, mais plus un muscle sur le corps.
On a gardé espoir longtemps, mais un jour tout a basculé. Le développement du bébé était compromis. Il a été bien clair avec la gynécologue que nous ne voulions pas mettre au monde en enfant handicapé. C'est une question de valeur personnelle, mais pour nous il n'y avait aucun doute.
Finalement, le 22 juillet fut le dernier jour. Nous nous sommes rendus à nouveau à l'hôpital pour une echo et un rendez-vous avec la gynécologue. Les réponses ont été claires, bien qu'il était encore vivant, le bébé ne se développait plus, il n'y avait plus de liquide amniotique et le décollement ne s'était pas réduit. La décision s'est imposée d'elle-même, la grossesse ne pouvait plus continuer.
Nous avons demander que l'interruption se fasse le jour même. À ce stade, il ne pouvait plus y avoir de simple curetage. L'équipe médicale a déclenché le travail pour l'accouchement. Le tout s'est passé plus vite qu'ils ne le pensaient et il était trop tard pour la péridurale. Je me suis donc à nouveau tordue de douleur, mais sans espoir cette fois-ci. À 19h00, j'ai accouché d'une petite fille morte née, elle pesait 100 grammes (soit environ 4 onces). Nous l'avons prénommée Emilianne. Patric l'a bercée au creux de sa main. Mes parents, ma soeur, ma meilleure amie et son mari sont venus lui rendre visite.
Nous sommes maintenant de retour à la maison. Nous allons nous employer à panser nos blessures et nous remettre de ces émotions. Avec le temps, nous trouverons possiblement un sens à tout cela, bien que pour le moment je ne le connaisse pas. Moi, je demeure en congé de maladie pour encore au moins 2 semaines, plus si j'en ressent le besoin. Patric débutait ses vacances estivales cette semaine. Nous aurons donc plus de 2 semaines ensemble pour se retrouver. Ça peut parraître bizarre, mais nous allons probablement partir en camping. En espérant que cela nous permettra de se retrouver et de se ressourcer.
Maintenant, je tiens à remercier tous ceux qui ont été présents pour nous. Plusieurs personnes de notre entourrage se montraient solidaires à notre cause. Des remerciements spéciaux pour mes parents, ma belle-mère, Annie et Patrick, ma soeur, ma tante Lorraine qui m'ont prodigué des soins.
Geneviève