jeudi 23 juillet 2009

Du rêve au cauchemar

Depuis un certain temps, je ne parle pas beaucoup de nous sur ce blogue. Pourtant, nous avions entrepris une grande démarche qui nous a fait vivre une gamme inattendue d'émotions. Si ce texte est publié, c'est que cette grande aventure a pris fin.

Je dois d'abord vous mettre en contexte. Chaque couple qui fait le choix de l'adoption internationale le fait pour des raisons différentes et personnelles. Pour notre part, nous avions fait ce choix suite à des résultats de tests de fertilité peu réjouissants. Il y a maintenant environ 4 ans, la clinique de fertilité nous avait proposé la fécondation in vitro (FIV). Nous avions les petits coeurs complètement à l'envers et nous ne voyons pas comment nous aurions l'énergie de vivre cette expérience. En plus, les chances de succès étaient d'environ 40%. Rapidement, nous nous sommes retournés vers l'adoption internationale et jamais depuis nous n'avons remis en doute notre volonté d'accueillir Anais dans notre foyer. Nous avons entendu plus d'un an juste pour déposer notre dossier en Chine parce que je n'avais pas encore 30 ans (critère d'adoption en Chine).

Mais voilà, les délais en Chine sont devenus tellement longs qu'au lieu d'avoir le sentiment de s'approcher de notre rêve d'être parents, nous avions le sentiment de nous en éloigner. Comme nous voulions au départ avoir au moins 2 enfants, nous avons repensé à tout celà. L'été dernier on s'est dit qu'on avait plus rien à perdre et que ça valait peut-être le coup de tenter la FIV.

Nous avons pris notre temps, nous avons agit sereinement. J'ai pris plein de médicaments apparemment non-dangeureux même si les étiquettes font parfois peur (ex.: hormone pour traiter le cancer de la prostate en phase terminale). Je me suis piquée pour devenir une grande productrice d'ovules. J'en ai produit 22. Je me suis tordue de douleur quand ils les ont prélevé. Tout ça a produit 3 embryons. Je suis devenue enceinte d'un foetus à la première tentative FIV.

Nous étions fous de joie. Nous allions avoir enfin une famille.
Bref, le bonheur fut total pour quelques semaines. À 8 semaines de grossesse, j'ai commencé à perdre du sang. Les visites à l'urgence se sont multipliées. Je faisais des hémorragies en plus de continuer à perdre constamment une certaine quantité de sang. Ce qui a commencé par un minime décollement est devenu un immense décollement des membranes. Je ne sais plus combien d'échos j'ai passé, mais à chaque fois, on voyait des techniciens qui se demandaient pourquoi le bébé vivait toujours. Les médecins, eux, nous disaient qu'il y avait toujours de l'espoir.

J'ai passé plus de deux mois à presque pas bouger. Mon conjoint et mon amie m'avaient installé un lit dans le salon pour ne plus que j'aie à me déplacer dans les escaliers. Ma mère, ma belle-mère, mon amie, ma marraine et ma soeur venaient à tour de rôle me garder pour ne pas que je sois seule toute la journée et que je puisse manger. Mon amour est devenu un boule de stress qui me téléphonait 4 fois par jour du travail et planifiait avec stratégie mes moindres déplacements. Ce qui devait être un rêve est devenu un cauchemar. J'ai vu mon corps se modifier. Pas de gros ventre, mais plus un muscle sur le corps.

On a gardé espoir longtemps, mais un jour tout a basculé. Le développement du bébé était compromis. Il a été bien clair avec la gynécologue que nous ne voulions pas mettre au monde en enfant handicapé. C'est une question de valeur personnelle, mais pour nous il n'y avait aucun doute.

Finalement, le 22 juillet fut le dernier jour. Nous nous sommes rendus à nouveau à l'hôpital pour une echo et un rendez-vous avec la gynécologue. Les réponses ont été claires, bien qu'il était encore vivant, le bébé ne se développait plus, il n'y avait plus de liquide amniotique et le décollement ne s'était pas réduit. La décision s'est imposée d'elle-même, la grossesse ne pouvait plus continuer.

Nous avons demander que l'interruption se fasse le jour même. À ce stade, il ne pouvait plus y avoir de simple curetage. L'équipe médicale a déclenché le travail pour l'accouchement. Le tout s'est passé plus vite qu'ils ne le pensaient et il était trop tard pour la péridurale. Je me suis donc à nouveau tordue de douleur, mais sans espoir cette fois-ci. À 19h00, j'ai accouché d'une petite fille morte née, elle pesait 100 grammes (soit environ 4 onces). Nous l'avons prénommée Emilianne. Patric l'a bercée au creux de sa main. Mes parents, ma soeur, ma meilleure amie et son mari sont venus lui rendre visite.

Nous sommes maintenant de retour à la maison. Nous allons nous employer à panser nos blessures et nous remettre de ces émotions. Avec le temps, nous trouverons possiblement un sens à tout cela, bien que pour le moment je ne le connaisse pas. Moi, je demeure en congé de maladie pour encore au moins 2 semaines, plus si j'en ressent le besoin. Patric débutait ses vacances estivales cette semaine. Nous aurons donc plus de 2 semaines ensemble pour se retrouver. Ça peut parraître bizarre, mais nous allons probablement partir en camping. En espérant que cela nous permettra de se retrouver et de se ressourcer.

Maintenant, je tiens à remercier tous ceux qui ont été présents pour nous. Plusieurs personnes de notre entourrage se montraient solidaires à notre cause. Des remerciements spéciaux pour mes parents, ma belle-mère, Annie et Patrick, ma soeur, ma tante Lorraine qui m'ont prodigué des soins.

Geneviève

18 commentaires:

Tania a dit…

Je suis de tout coeur avec vous dans cette épreuve. Prenez soin de vous deux.
L'adoption est déjà une épreuve en soi, que dire de cette deuxième épreuve. Avoir une famille est bien un désir légitime. Pourquoi est-ce si difficile pour certains?

Taniaxxx
En attente d'Anne-Li
LID 3 avril 2007

Soie et mandarine a dit…

Bon courage à vous deux!
Pour avoir vécu une FIV (qui en bout de ligne, nos 2 embryons n'ont pas survécus), je comprend les émotions: l'espoir, le bonheur et la terrible déception qui malheureusement c'est imposée à vous. Cette extrême douleur du corp et du coeur(la pire) si difficile à supporter.
L'avenir nous apprendra sûrement pourquoi notre chemin à nous(parents en devenir)est tellement parsemé d'épreuves...pensez très fort à Anaïs et à votre petit ange, elles vous donneront l'énergie nécessaire pour continuer.

Caro xx
LID 17 nov.2006
http://notrepetitesoie.blogspot.com

MF a dit…

Je lis ton message belle Geneviève et des larmes coulent sur mes joues. Nous partageons cette tristesse.
On vous aime.

Marie-France, Francis et les enfants.

Caroline Parenteau a dit…

Comme c'est triste ton histoire. Je partage ta douleur. Pour ma part, je me dis toujours que rien n'arrive pour rien. Je crois que ta petite Anaïs t'es destinée. Oui le temps parraît si long, mais c'est elle qui sera ta fille.. Elle n'est pas encore née, c'est pour ça que c'est si long. Mais tu verras la lumière j'en suis convaincu. J'ai aussi une pensée pour ton amoureux. Ce ne doit pas être facile pour lui aussi. Mon coeur est avec vous. Bonne vacance et surtout montrez-vous beaucoup d'amour l'un et l'autre. Vous en avez tellement besoin.

Caro
xxx
lid: 23-03-06
blog de Mahée-Lee

Anonyme a dit…

Allo vous deux,
Viève, tu disais que Patric et toi formez une belle équipe, voyez notre présence comm étant l'équipe de réserviste. Jamais bien loin, toujours prête à vous dépanner en temps de tempête. On a tous fait ce que l'on pouvait selon nos ressources et nos disponibilités.
Le peu que l'on a fait c'était naturel...
Surtout prenez soin de vous, on attends de vos nouvelles et la maison est toujours ouverte
bisous et amitiés sincères

Annie, PatricK et Marilou qui vous aiment gros

Anonyme a dit…

Quelle triste nouvelle... on a tellement pensé à vous hier et ce matin nous avons le coeur gros...

vous êtes si courageux...

Bon courage et essayez de prendre soins de vous pour les vacances qui viennent. Nous sommes de tout coeur avec vous chers amis,

Genevieve et Dominic

Femme Charmante a dit…

Quelle triste histoire... La vie peut être si cruelle parfois...
Je vous offre mes plus sincères sympathies et je pense à vous...

Nathalie xx

Isa + Steph + Sijia + William a dit…

Je suis désolée d'apprendre cela aujourd'hui. On est tellement prêt à tout pour avoir enfin notre famille et ces délais qui ne font que s'allonger... Je peux comprendre en partie votre détresse. Nous avons pris le même chemin que vous plus d'une fois mais de mon côté, je ne suis pas une super pondeuse comme toi ;o)

Il y a toujours un deuil à faire et à un moment donné, on finit par passer à autre chose, soit recommencer le processus soit clore le sujet.

Bon courage! Bonnes vacances!
Bisous,
isa

FÉE CLOCHETTE a dit…

Bien triste billet, Geneviève...Et je ressens votre immense douleur. Courage et bien que la vie nous paraisse souvent incompréhensible, je vous souhaite de traverser cette épreuve dans l'amour que vous partagez et la sérénité. Prenez bien soin de vous, amitiés,
Guylaine xx

Anonyme a dit…

Même à distance, je suis de tout coeur avec vous deux.
Stéphanie
XXXX

Anonyme a dit…

Chers Geneviève et Patric,
De si bons amis qui vivent une si grande peine. Comment ne pas être de tout coeur avec vous. Nous serons toujours présents pour vous deux. Nous partageons votre tristesse.
Nous vous aimons beaucoup.
Line, Jean-François, Thomas, Ariane
-xxx-

frimousse Mathylde a dit…

Que dire après tout ce que vous avez vécu...Je suis en pensée avec vous.Marie-France qui est bien triste d'apprendre cela ce matin.

Titou et Lolo a dit…

Nous avons échangé pour notre BJB, je rentre de vacances et je lis ton message... et j'a revécu ma souffrance d'il y a quelques années !!! 8 années de traitement une douzaine de fausses couches plus ou moins avancées... je t'envoie toutes mes ondes positives. Aujourd'hui nous attendons notre Coccinelle de Chine, rose ou bleue... comme je l'ai lu plus haut l'avenir nous dira pourquoi ce parcours, pourquoi ces douleurs...sûrement parce que le bonheur sera aussi fort que notre souffrance !!

Amitiés niçoises

Laurence

Anonyme a dit…

N'ABANDONNE PAS
Quand la route est remplie d'obstacles et que tu n'attends aucun miracle, il est permis de t'arrêter, mais non d'abandonner.
Quand le succès te fuit et que le doute t'envahit, peut-être qu'a ton insu tu es tout près du but.
C'est quand tu as tout essayé qu'il ne faut pas abondonner. Un jour tu sera mère ma petite Geneviève et Patrick père.

Ton papa

Anonyme a dit…

Je ne sais quoi dire. Je ne prétendrai pas connaître votre douleur. Maintenant que les choses se sont passées ainsi, il ne reste plus qu'à vous souhaiter le courage nécessaire pour surmonter cette épreuve.

Je crois sincèrement que les plus grandes joies viennent souvent des plus grandes peines. Le meilleur reste donc à venir.

Je pense à vous. Vous me manquez.

Annie Rousseau xxx

Géraldine a dit…

C'est la première fois que j'atteris sur votre blog au fil de mes visites sur internet...On lis de tout, du plus grand bonheur au plus grand malheur.
Ne perdez surtout pas courage, ressourcez-vous, retrouvez-vous comme vous le dites si bien..Nous aussi nous sommes passés par un parcours médical et nous sommes LID 20/09/06, les épreuves passées sont vraiment dures, le temps est long..Mais le temps apaise aussi les blessures, il est nécessaire pour les soigner, nous en savons quelque chose...Prenez soin de vous et reprenez espoir, chacun a son histoire mais vous n'êtes pas seuls pour autant. Accrochez-vous.

Joey Melançon a dit…

Comme j'ai été émue en lisant votre triste histoire.

Je suis de tout coeur avec vous. Prenez le temps de panser vos petits coeurs en pensant des petits moments doux en amoureux.

Je partage votre tristesse et votre déception!

Jo xx

Magalie, maman d'Annabelle et Noémie a dit…

Je pense à vous très fort dans cette grande épreuve.

Bisous,

Magalie xx