Je ne pense pas être capable de dormir ce soir, alors j'écris. C'est que je ne comprend pas pourquoi des petits êtres tout pur et tout naif, des sources de vie et d'espoir ne peuvent pas vivre.
Il y a un peu plus d'un mois, mourrait à la naissance notre petite Emilianne.
Maintenant, pendant que j'écris ces lignes, la belle et battante petite Rafaele qui n'a même pas encore un mois de vie passe ses derniers moments. Après un dur combat contre un virus qui a durement attaqué ses poumons, mais surtout son coeur, l'heure est maintenant au constat. Ce combat se terminera dans les pleurs et la tristesse. Je pense très fort à ses parents, des personnes que j'affectionne particulièrement ainsi qu'à ses chers grands-parents qui connaissent la souffrance de la perte. Cette perte incompréhensible et injuste. Il n'y a rien de juste dans la mort d'un enfant et ce peu, importe le moment où elle survient.
Quand j'ai perdu Emilianne, on me parlait d'ange et ça ne me disait rien. Pour moi, c'était seulement mon bébé, mon amour qui était injustement mort sans que je ne réussise à l'en empêcher. J'ai voulu comprendre pourquoi la vie m'avait offert cette si grande joie pour me la reprendre. J'ai demandé pourquoi on ne l'avait pas laisser vivre juste un peu, pour que je la vois bébé, que je l'embrasse ailleurs que sur une urne et une pierre tombale. Après, je me suis culpabilisée. J'ai pensé que j'avais une responsabilité dans sa mort. J'ai cherché ce que j'aurai pu faire autrement pour l'éviter. J'ai pensé à tout le sang dans mon utérus et j'ai cru que c'était ma faute. C'est mon médecin de famille et ma gynécologue qui m'ont donner les explications rationnelles m'ayant permis de me sortir ces idées de ma tête.
La semaine dernière, quand j'ai appris à quel point la belle Rafaele était malade, j'ai été boulversée. Boulversée de penser qu'un autre bébé pouvait souffrir ainsi. Je pensais que la mort d'Emilianne devait suffir et que personne d'aussi proche de moi ne devait vivre de telles souffrances. J'ai espéré très fort. J'ai imaginé que Emilianne était une petite lanterne près de Rafaele et qu'elle l'accompagnait, lui donnerait un peu de force au combat. Parce que oui, Emilianne a été une grande battante. Elle a résisté autant qu'elle a pu et même lorsqu'il n'y avait plus aucun espoir médical qu'elle survive, elle vivait encore.
J'ai cherché comment je pouvais aider les parents de Rafaele, mais je n'ai rien trouvé. Je les savais auprès de leur fille. Je parlais à ma tante, sa grand-mère qui me racontait ce qui se déroulait. J'ai écris quelques courriels dans l'espoir qu'ils les lisent et qu'ils sentent mon appui. De toute manière, je sais bien que je ne peux rien faire de plus. De toute manière, je connais maintenant la souffrance et je sais l'impuissance qui l'accompagne.
Ce soir, je demande à ma fille, mon Emilianne de se tenir prête. Je veux qu'elle prenne la main de Rafaele au moment opportun et qu'elle l'accompagne. Qu'elle lui présente toutes les beautés qu'elle voit, qu'elle lui transmette sa paix, qu'elle l'aide à oublier ses souffrances physiques comme elle a oublié les siennes. Je lui propose de s'amuser avec sa petite cousine. Elles auront été dans le ventre de leur mère en même temps, elles n'auront jamais eu le temps de jouer sur terre. Ce soir, je les imagine rigoler ensemble en jouant comme n'importe quel enfant. Puisque ce doit être ainsi, qu'elles fassent des roullades entre deux nuages. Deux petits anges complices.
Maintenant, je crois aux anges.
Ce soir, je commence à comprendre pourquoi Emilianne n'a pas pu vivre. Je me réconcillie avec sa mort. Puisqu'il semble bien qu'il en sera ainsi, que ses parents finissent aussi par trouver un sens dans la mort de leur bébé Rafaele. Je vous embrasse.
Le 25 aout 2009
Nous venons de recevoir l'appel. Rafaele est décédée à 17h20. À cette heure, je lisais justement cette phrase:"L'amour ne se mesure pas à la longueur d'une vie."
Geneviève